Les principes de prévention de la violence en milieu autochtone : une approche à plusieurs niveaux

Les liens entre la violence, l’interaction entre divers facteurs et les contextes économique, social et culturel donnent à penser qu’en s’attaquant aux différents niveaux de facteurs, il sera possible de faire reculer plus d’une forme de violence [37,50,51,69,87,88,113,114].

La Commission royale sur les peuples autochtones rappelait d’ailleurs en 1996 que « les problèmes sociaux [dans les milieux autochtones] s’expliquent en partie par l’expérience collective et les solutions qui permettront de les résoudre devront également être collectives. Si les Autochtones agissent à titre individuel, ils ne réussiront jamais à renverser la situation et à lutter contre la discrimination. Mais les solutions libératrices pour l’ensemble des Autochtones le sont aussi pour chacun d’eux » [80]. La Commission de vérité et réconciliation du Canada a publié un appel à l’action – sous la forme de 94 recommandations – lancé aux divers paliers de gouvernement. Ces recommandations énoncent les actions à mettre en place à tous les niveaux juridictionnels et dans tous les domaines touchés (santé, services sociaux, éducation, justice) pour briser le cycle de violence créé par l’héritage intergénérationnel légué par les pensionnats.

La réalisation de ces actions passe impérativement par le soutien aux peuples autochtones dans l’exercice de leur droit à l’autodétermination et dans la mise en place de leurs projets de gouvernance en santé et en services sociaux. En effet, il est maintenant largement admis que l’adaptation de programmes, à elle seule, ne suffit pas.

D’ailleurs, force est de constater qu’il existe encore bien peu d’études ayant rigoureusement évalué l’efficacité des programmes et des services en prévention de la violence en milieu autochtone. Il est cependant connu que, trop souvent, ces programmes et services n’ont pas été développés en collaboration avec les partenaires, et sont implantés selon une approche typiquement descendante (top-down). Ces programmes et stratégies peuvent également adopter une approche « mur à mur » modelée selon des perspectives occidentales de la santé qui ne tiennent pas compte des approches autochtones. De plus, l’octroi d’un financement instable et insuffisant permet difficilement aux milieux d’entreprendre des actions à portée durable. Ce faisant, les programmes et services se basent fréquemment sur une compréhension inadéquate ou parcellaire des problèmes; ainsi, il ne faut pas se surprendre que les réponses apportées soient limitées, et que les résultats soient mitigés.

Devant la limitation de l’information disponible, la décision de ce qui constitue une « pratique exemplaire » devient un choix pragmatique qui s’appuie sur le consensus d’experts et sur un examen consciencieux du contexte spécifique des collectivités autochtones. Il est ainsi généralement reconnu que les programmes et les services qui sont construits par et pour les populations visées de façon à considérer les normes, les valeurs, les expériences dans leur contexte familial et communautaire, ainsi que les façons de faire autochtones sont plus susceptibles de rapporter des effets bénéfiques en prévention de la violence que les programmes à portée générale élaborés pour répondre à des standards gouvernementaux [43,50,51,61,82,85,87,110]. En plus de favoriser la réduction des facteurs de risque, une telle façon de faire contribue à la valorisation des cultures autochtones et redonne un pouvoir aux individus, aux familles et aux communautés [32,103].

Interventions de niveau individuel et familial

L’intervention au niveau individuel et familial vise spécifiquement à prévenir la violence et ses conséquences par l’action auprès des victimes et des agresseurs, ainsi que leurs proches. Si l’on désire prévenir la violence, et non seulement y réagir [115], il convient de s’assurer que les interventions à ce niveau viseront différents stades de prévention : avant que la violence se produise par des activités de sensibilisation, d’information et de promotion de la santé; la détection précoce des victimes de violence et la réponse immédiate à leurs besoins; la prévention des conséquences à long terme de la violence, autant pour la victime que pour ses proches, par des services de soutien et de rééducation pour atténuer les traumatismes ou réduire les séquelles à long terme.

Pour augmenter les chances de réussite de leur mise en œuvre, les approches de niveau individuel doivent nécessairement être complétées d’approches communautaires adaptées au contexte culturel.

Programmes de soutien aux familles ayant de jeunes enfants

L’efficacité des interventions en petite enfance pour prévenir la négligence est maintenant fort bien reconnue [116–118]. Elles semblent également présenter des avantages pour la réduction de la violence conjugale [119]. Ces approches offrent habituellement des services qui prennent souvent la forme de visites à domicile, de suivis intensifs aux familles en fonction de leurs besoins spécifiques, en plus d’efforts de développement communautaire visant l’amélioration des conditions de vie des familles dans le besoin. Des programmes de soutien aux familles vivant en contexte de vulnérabilité existent maintenant dans bien des milieux au Canada17, en Australie, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

De nombreux experts soutiennent l’importance de développer de tels programmes pour et avec les familles autochtones [120–127]. En effet, l’approche mixte (suivi individuel et développement communautaire) promue par ces programmes semble bien adaptée aux besoins des familles qui, pour la plupart, font surtout face à des difficultés de nature structurelle. Malheureusement, il n’existe que peu d’études ayant évalué l’impact de ce type de programmes en milieu autochtone, mais celles dont nous disposons semblent indiquer que ces services peuvent permettre de réduire les taux de maltraitance, à la condition qu’une relation de confiance soit établie entre l’intervenant et la famille [116,123,125].

Il semble aussi que ces approches puissent être pertinentes et utiles auprès des familles autochtones vivant en milieu urbain. Encore là, il importe qu’elles soient adaptées aux besoins de ces familles, ce qui peut inclure – dans certains cas – le recours à des services d’hébergement de crise et de transport pour les rendez-vous de suivi [128,129].

Approches adaptées en prévention du suicide

« Comme l’érosion, la dégradation, au niveau de la transmission des traditions culturelles semble avoir contribué de façon très importante […] au sentiment de détresse généralisés chez les jeunes autochtones, l’établissement de programmes dont le but est de transmettre les connaissances, les valeurs et les traditions culturelles, généralement par l’intermédiaire d’Aînés respectés, est une composante cruciale de tout programme de prévention du suicide destiné aux Autochtones (Kirmayer et collab., 1993b). » [32]

Étant donné l’attention portée à la prévalence très élevée des taux de suicide chez les populations autochtones, c’est dans ce domaine que l’on retrouve le plus grand nombre d’études publiées. Cependant, encore une fois, peu d’études rigoureuses permettent de bien évaluer l’efficacité des programmes de prévention du suicide dans ces milieux. Il semble néanmoins se dégager un consensus concernant les meilleures pratiques à privilégier, tant sur le plan de la prévention que de l’intervention clinique. Certaines mesures de prévention du suicide, lorsqu’adaptées, peuvent contribuer à prévenir des suicides en milieu autochtone (voir le chapitre 11 sur les comportements suicidaires et le suicide). Par exemple, comme ailleurs au Québec, des programmes à l’intention des enfants et des adolescents peuvent être implantés en milieu scolaire, et prendre la forme d’ateliers visant le développement de compétences personnelles et sociales : la résolution de problèmes, la gestion des émotions, la communication et la capacité de demander de l’aide pour soi et pour les autres. Aussi, la présence de personnes significatives autour des jeunes, qui sont en mesure de reconnaître les signes de détresse et qui connaissent les ressources d’aide, est essentielle en milieu autochtone pour rendre les ressources de soutien plus facilement accessibles, notamment par un rôle de liaison et par l’établissement d’un lien de confiance [130–132].

La mise en œuvre de stratégies de prévention du suicide dans les communautés autochtones dépend cependant d’un accès à des services bien organisés [32]. Des services de première ligne de qualité et culturellement sécuritaires présentent le potentiel d’avoir des effets positifs sur la prévention du suicide et plusieurs autres formes de violence. Malheureusement, beaucoup de cliniciens en soins de santé primaires ne sont pas suffisamment formés pour bien évaluer et traiter le comportement suicidaire. Ainsi, la formation des prestataires de soins de santé primaires en santé mentale, en détection et en évaluation du risque suicidaire, ainsi qu’en intervention d’urgence est un élément essentiel d’une stratégie globale de prévention du suicide en milieu autochtone comme ailleurs.

En plus de ces stratégies, des équipes de postvention peuvent également être aptes à intervenir rapidement dès la survenue d’un suicide dans un milieu afin d’éviter que se produise une vague de suicides. Les cellules de crise mobilisent habituellement des représentants de tous les secteurs concernés, notamment l’école, les services de santé, le gouvernement local et les services de police. Des membres du clergé ou des guérisseurs locaux reconnus peuvent également être impliqués. Dans les milieux tissés serrés, comme le sont de nombreuses communautés autochtones, ces équipes exercent un travail essentiel.

Il est également bien connu que la couverture médiatique de cas de suicide peut contribuer à l’émergence de vagues de suicides, par un effet de contagion [133–136]. En milieu autochtone, les taux élevés de suicide présentent un attrait médiatique particulier; en revanche, toute cette attention médiatique peut accroître sa prévalence au sein des populations visées. Comme dans d’autres milieux, le principe de précaution invite à la prudence dans le traitement médiatique des cas de suicide pour éviter l’effet de contagion; des recommandations précises aux médias peuvent être formulées [136].

Enfin, la restriction de l’accès aux moyens pouvant mener au suicide, comme les armes à feu, a un impact sur la diminution du nombre de décès par suicide dans la population générale [136]. Par contre, dans bon nombre de communautés autochtones, les mesures de contrôle des armes à feu exigent des dispositions adaptées, et sont plus difficilement applicables dans la mesure où la majorité des familles possèdent de telles armes pour chasser et se nourrir. En outre, les données de mortalité par suicide parmi les jeunes autochtones au Canada indiquent que la pendaison est – de loin – le moyen le plus courant; il peut donc s’avérer difficile d’éliminer complètement les moyens permettant de commettre de tels actes.

Prévention de la violence par l’intervention sur les problèmes structuraux

Alors que certains programmes peuvent contribuer à réduire certaines formes de violence, il s’avère que l’intervention sur la violence vécue par les Autochtones va bien au-delà de la mise en place de programmes spécifiques, et requiert une approche intersectorielle à plusieurs niveaux de gouvernance. Elle dépend aussi de l’octroi d’un meilleur financement pour que des actions à portée durable puissent être entreprises dans les communautés [2,49,50].

La prévention de la violence passe également par l’amélioration de l’offre de services de santé et de services sociaux, qui tient compte du contexte dans lequel sont ancrées les inégalités vécues par les populations autochtones, ainsi que par la valorisation des pratiques autochtones de guérison.

Favoriser les services culturellement pertinents et sécurisants

En vue d’améliorer la prestation des services offerts aux Autochtones, le concept de la sécurité culturelle des services est promu depuis plusieurs années dans le cadre de diverses démarches visant à définir un cadre de compétences essentielles destiné à tout intervenant en santé qui travaille avec des populations autochtones [137]. Développé initialement en Nouvelle-Zélande, le concept de sécurité culturelle est maintenant utilisé dans une variété de contextes autochtones à travers le monde. Les bénéfices de cette approche dans la qualité des soins offerts aux populations sont également démontrés dans un nombre croissant de recherches [129,138].

Le concept de la sécurité culturelle va au-delà des concepts de sensibilisation et de compétences culturelles en mettant l’accent sur l’importance de reconnaître le contexte colonial, historique et sociopolitique dans lequel s’enracinent les inégalités vécues par les Autochtones. Agir selon ce principe signifie donc de remettre en question les structures de pouvoir telles qu’elles s’inscrivent à tous les niveaux des milieux de soins conventionnels, que ce soit dans la relation prestataire-patient, l’intégration des méthodes traditionnelles dans l’offre de soins, et les barrières structurelles d’accès aux soins pour les populations autochtones [1,137].

Cela exige donc que les intervenants non autochtones soient mieux formés sur l’histoire de la colonisation vécue par les Autochtones de manière à enrayer les stéréotypes et les préjugés nourris à l’égard des clientèles autochtones qui se présentent dans les établissements de santé à la recherche d’aide [1,37,47,50,86]. Concrètement, cela se traduira par l’établissement d’une relation prestataire-patient égalitaire où le patient pourra prendre les décisions qui le concernent [137,139], de même que par une ouverture de la part des professionnels à la pratique réflexive sur l’impact de leur propre culture sur la façon dont ils offrent les soins [140].

Miser sur le personnel autochtone

Outre la formation des professionnels de la santé non autochtones, la sécurité culturelle repose également sur la disponibilité de travailleurs autochtones. Cela est d’autant plus fondamental en santé mentale et en prévention de la violence vu l’importance cruciale des connaissances linguistiques et culturelles dans l’évaluation et le traitement des problématiques psychosociales. Non seulement l’engagement de ces travailleurs permet l’élaboration de méthodes de counseling et de soutien adaptées à la culture, mais il contribue également à valoriser et à renforcer un sentiment d’identité collective [141].

Pour favoriser le recrutement et la rétention des travailleurs locaux, des guérisseurs et des aidants, il importe de rendre accessibles des programmes de formation de qualité. Il est également primordial d’assurer un soutien émotionnel adéquat. En effet, dans de petites communautés, les travailleurs sont souvent liés d’une façon ou d’une autre aux personnes auxquelles elles viennent en aide; il peut alors être difficile pour eux de prendre une pause de leur rôle d’aidant. De plus, cette situation peut entraîner un conflit d’intérêts, devenir intenable, et conduire à un état d’épuisement ou de stress émotionnel.

L’intégration d’approches de guérison autochtones

La sécurité culturelle exige aussi que soit offerte aux populations une approche thérapeutique (occidentale, autochtone ou mixte) selon leurs préférences et leur attachement aux valeurs traditionnelles. En effet, certaines formes de psychothérapie ou d’autres interventions en santé mentale peuvent ne pas correspondre aux valeurs ou aux réalités contemporaines propres aux Autochtones. De plus, les approches globales qui misent sur le réseau social et familial, ainsi que les approches holistiques qui tiennent compte des aspects physique, mental, émotionnel et spirituel de la personne semblent cadrer davantage avec les valeurs autochtones que les approches thérapeutiques strictement individuelles de la médecine occidentale [43,51,69].

À cet égard, la reconnaissance de l’efficacité de pratiques de guérison comme les cercles de guérison permettrait de briser le cycle de la victimisation et de la criminalité. Ces interventions s’appuient généralement sur les principes de guérison, où la participation à des activités culturelles et spirituelles de groupe contribue au renforcement de l’estime de soi et permet des modifications dans les modes de vie [43,50,61,87,88].

Ces démarches participent aux efforts de réappropriation des collectivités autochtones, au même titre que diverses formes d’initiatives de revitalisation culturelle, dont la pratique des modes de collecte et de préparation de la nourriture issue du territoire, la pratique d’activités et de cérémonies culturelles, ou le contrôle local des programmes d’éducation permettant notamment la transmission des langues autochtones [103].

Renforcir le soutien social des populations autochtones

La communauté étant généralement comprise comme un déterminant du bien-être des individus et des familles, plusieurs suggèrent de remettre à l’avant-plan les valeurs de la collectivité, de la solidarité et de l’entraide pour prévenir la violence et faire face aux situations de crise [61,85].

En effet, les interventions qui permettent de rassembler les membres de la communauté autour de préoccupations communes semblent prometteuses. Ces interventions peuvent, entre autres, recourir aux aînés pour transmettre leurs savoirs et leurs expériences à leurs descendants. De façon similaire, le fait de faire participer activement les jeunes, de nourrir leur leadership et de les encourager à s’impliquer dans des organismes communautaires promet d’être beaucoup plus efficace que de simplement leur donner de l’information ou d’offrir des programmes éducatifs.

D’autres activités de nature communautaire pour lesquelles les données semblent prometteuses en prévention de la violence incluent l’accès à des programmes de loisirs et de sports à l’intention des enfants et des jeunes afin de contrer l’ennui, de même que les groupes de soutien pour personnes souffrant de problèmes de dépendance, et l’intégration sociale des jeunes contrevenants de retour dans leur communauté après leur détention.

En milieu urbain, au Québec comme ailleurs au Canada, on compte notamment tout un réseau de centres d’amitié autochtones reconnus pour offrir des services spécifiquement dédiés aux populations autochtones [47,87].

Au Québec, les cliniques Minowé et Acokan, mises sur pied respectivement par le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or et le Centre d’amitié autochtone de La Tuque, sont des exemples positifs du développement de nouvelles approches pour intégrer et adapter culturellement et socialement les services de santé et les services sociaux de première ligne aux clientèles autochtones urbaines qui, bien souvent, peuvent être réfractaires à utiliser les services offerts dans les établissements de santé et de services sociaux [129]. La mise sur pied de ces deux cliniques est le fruit d’un partenariat entre les centres d’amitié autochtones et des établissements du réseau québécois de la santé et des services sociaux. Il permet de faire le pont entre les services et la clientèle autochtone et, surtout, entre deux réalités qui se côtoient.

À Montréal, le RÉSEAU pour la stratégie urbaine de la communauté autochtone de Montréal est l’un des premiers organismes visant la coordination des efforts des nombreux services de soutien destinés aux Autochtones. Ce réseau permet d’agir comme structure de gouvernance unifiée rassemblant les représentants municipaux, de même que ceux de nombreuses organisations autochtones de la ville dans le but de mieux articuler les services autour d’une vision commune visant l’amélioration des conditions économiques et sociales, de même que la qualité des services qui leur sont offerts [142].

Éclaircir le portrait d’ensemble

Afin de mieux orienter les actions à entreprendre et de mesurer l’efficacité des politiques et des programmes déjà mis en place, l’accès à des données de qualité est fondamental. Pourtant, à l’heure actuelle, la qualité et la disponibilité des données administratives ne permettent pas de dresser un portrait d’ensemble, d’assurer adéquatement le suivi systématique des facteurs de risque, ni de mettre sur pied et de financer des services culturellement appropriés [5,6,50,78,94]. La collecte et la publication de données sur les homicides, la violence familiale et la violence commise envers les femmes, sur la surreprésentation des Autochtones dans le système judiciaire et celle des enfants dans les services de protection de la jeunesse pourraient indiscutablement permettre de mieux orienter les services contribuant ainsi à réduire de « façon mesurable la surreprésentation des Autochtones parmi les victimes de crimes » [50].

Aussi, une stratégie d’évaluation devrait être établie parallèlement à l’élaboration de tout nouveau programme. Il convient en effet de pouvoir systématiquement évaluer non seulement l’efficacité des interventions à réduire la violence et leur acceptabilité sociale, mais également les processus de mise en application et leur évolution, et ce, afin d’évaluer la faisabilité des approches dans divers milieux. Les résultats de ces évaluations permettront enfin d’identifier des aspects utiles des stratégies, de même que de cerner les lacunes et d’améliorer les programmes.

Ces démarches d’évaluation peuvent être faites en partenariat avec des chercheurs universitaires ayant l’expertise requise. Pour être véritablement utile, la recherche doit cependant être menée en collaboration avec les collectivités afin de bien s’assurer de son bien-fondé et de sa sensibilité aux besoins locaux et aux perceptions [143]. Pour les aider, les chercheurs peuvent s’appuyer sur différents outils mis à leur disposition, dont un code d’éthique pour la conduite de recherche en association avec les collectivités et les membres autochtones, et des lignes directrices pour la recherche [144,145].

  1. Par exemple, au Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux a développé le programme de services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance (SIPPE). Dès 2004, ce programme a été graduellement implanté dans la plupart des régions du Québec. Depuis 2008 et 2014 respectivement, les instances de santé de l’Eeyou Istchee et du Nunavik offrent ces types de services à l’ensemble des familles de leur région. Chacune des régions a adapté les SIPPE en fonction de leur contexte spécifique et en partenariat avec les acteurs du milieu.