Césarienne gratuite et inégalité d'accès à Kayes (au Mali)

Safoura BERTHE
Pierre FOURNIER, Caroline TOURIGNY
Banza BAYA, Niara BENGALY
Mahamadou HACHIMI, Odette LAPLANTE

Contexte :
Le Mali est un pays de l'Afrique subsaharienne où la mortalité maternelle reste un problème majeur de santé publique. Malgré la mise en place de plusieurs stratégies (système de référence/évacuation avec caisse de solidarité, programme de soins obstétricaux d'urgence), le taux de mortalité maternelle reste alarmant (464 pour 100 000 naissances en 2006 selon EDS IV). L'atteinte de l'Objectif du Millénaire pour le Développement en réduisant de 75 % le taux d'ici 2015 reste donc un défi énorme. Depuis juin 2005, la césarienne est gratuite dans les établissements publics du Mali. La gratuité réduit-elle les barrières financières ? Est-elle connue des bénéficiaires ? La césarienne est-elle réellement gratuite ?

Méthode :
Cette analyse d'implantation sous forme d'étude de cas avec plusieurs niveaux d'analyse s'est déroulée à l'Hôpital Fousseiny DAOU de Kayes. L'étude a combiné des approches qualitative et quantitative. Quarante et une femmes césarisées et douze intervenants directs ont été interrogés

Résultats :
Près de la moitié des femmes continue de faire des dépenses pour la césarienne mais la grande majorité est satisfaite. Cependant, les barrières d'accès par méconnaissance de cette gratuité demeurent pour certaines femmes.

Conclusion :
Parmi les femmes ayant participé à l'étude, 49 % (20/41) ont fait des dépenses (moyenne 5 990 FCFA et maximum 21 990 FCFA, soit 55 $) pour des médicaments, consommables, analyses biologiques et hospitalisation, mais aucune femme n'a payé l'acte chirurgical. La somme totale dépensée s'élève à 119 800 FCFA et représente 4,4 % de l'exemption totale. Le niveau d'instruction et la profession du mari et de la femme influencent peu la non gratuité, même si les femmes avec un niveau primaire (7/10) et les conjointes de cultivateurs (8/12) ont un peu plus souvent eu la gratuité complète. Cependant, le niveau d'instruction, la profession et le milieu de résidence de la femme influencent la connaissance de cette politique : chez les femmes césarisées interrogées, seulement 50 % des femmes non scolarisées (contre 92 % des femmes scolarisées), 55 % des femmes sans profession (contre 89 % avec profession) et 47 % résidant hors de la capitale régionale (contre 85 % qui y résident) connaissaient la politique de gratuité.