Réduire les concentrations de pollen de l’herbe à poux et les symptômes d’allergies au Québec : mission réaliste!

Elisabeth Masson
Nolwenn Noisel, Diane-Lyse Benoit 

 

Contexte :
L’herbe à poux (Ambrosia L. artemisiifolia) est une plante indigène au Québec et son pollen est un des plus allergènes. Au Québec, près de 18 % de la population âgée de 5 ans et plus souffre d’allergie au pollen de l’herbe à poux. En 2005, les coûts de cette allergie étaient estimés entre 156 et 240 millions de dollars. L’augmentation des gaz à effet de serre et les changements climatiques ont des répercussions sur les espèces végétales telles que l’allongement de la saison pollinique, l’augmentation de la production et de l’allergénicité du pollen. Ces répercussions suggèrent que la population allergique augmentera durant les prochaines décennies et que les symptômes d’allergie seront plus sévères. Une gestion concertée pour le contrôle de l’herbe à poux pourrait permettre de réduire les concentrations de pollen dans l’air et leurs effets sur la santé.

Méthode :
Évaluation de l’efficacité d’un projet de gestion concertée de la lutte contre l’herbe à poux sur les concentrations de pollen dans l’air et les symptômes de rhinite allergique.

Résultats :
Le projet s’est déroulé entre 2007 et 2010 dans un milieu expérimental et un milieu témoin de la Montérégie. Une promotion soutenue du contrôle de la plante a été déployée. Les concentrations polliniques ont été mesurées lors de la semaine de pollinisation maximale par 30 capteurs Rotord et les symptômes d’allergie ont été documentés par questionnaire RQLQ (Rhinoconjunctivitis Quality of Life Questionnaire) auprès de 440 participants allergiques. La collecte de données a été réalisée chaque année, de 2007 à 2010 (soit T0 à T3).

Conclusion :
À T3, les concentrations de pollen dans le milieu expérimental étaient statistiquement inférieures à celles du milieu témoin (101 vs. 235, 192 vs. 312, et 447 vs. 823 grain/m3 respectivement pour les habitats résidentiels, industriels et perturbés). Concernant les données santé, les taux de réponse étaient respectivement de 88 %, 81 %, 75 % et 70 % pour les 4 années d’études. Pour le groupe expérimental, les analyses des scores de symptômes suggèrent une amélioration entre le début et la fin de l’intervention (p<0,05), contrairement au groupe témoin, considérant que ceux-ci étaient similaires à T0. En plus d’être statistiquement significative, l’amélioration des symptômes nasaux atteint le seuil de différence clinique pour 46 % des participants du milieu expérimental. Pour ces participants, l’amélioration clinique moyenne des symptômes atteint 50 %.