Contamination microbiologique de spas publics au Québec

Nicholas Brousseau, MD
Benoît Lévesque, MD, M. Sc., FRCPC, Denis Gauvin, M. Sc., Thibault A. Guillemet, B. Ing., Jean-Philippe Giroux, M. Sc., Philippe Cantin, Ph. D., Suzanne Gingras, M. Sc., François Proulx, Ph. D., Pierre-André Côté, D. Sc., Éric Dewailly, MD, Ph. D.

 

Contexte :
Les spas constituent, en raison de la température élevée de leur eau, un écosystème particulier concernant la flore microbienne qui peut s'y développer. Deux bactéries bien adaptées à l'eau chaude et résistantes aux désinfectants, Legionella et Pseudomonas aeruginosa, contaminent fréquemment ces bassins. Des éclosions de maladies du Légionnaire causées par Legionella et des folliculites à Pseudomonas aeruginosa ont été documentées à plusieurs reprises lors de la fréquentation des spas. L'objectif premier de cette étude était de mieux comprendre les facteurs associés à la contamination de spas publics par trois bactéries d?intérêt.

Méthode :
Des paramètres microbiologiques (Legionella, Pseudomonas aeruginosa et Escherichia coli) et des paramètres physico-chimiques de l'eau de 95 spas du Québec ont été mesurés à l'été 2008. L'entretien effectué par les responsables de spas a aussi été documenté. Deux variables microbiologiques principales ont été créées, soit la détection de l'une ou l'autre des trois bactéries et la détection de bactéries en concentrations préoccupantes (possibilité de risques augmentés pour la santé).

Résultats :
Legionella a été détectée dans 22% des spas, Pseudomonas aeruginosa dans 41% et Escherichia coli dans 2%. Des bactéries ont été retrouvées en concentrations préoccupantes dans 25% des spas. Les paramètres physico-chimiques s'écartaient fréquemment des valeurs recommandées et seulement 4% des gestionnaires de spas étaient formés pour leur entretien. Pseudomonas aeruginosa a été détectée dans 28% des spas avec des concentrations de désinfectant respectant les valeurs de référence, confirmant la difficulté de contrôler totalement la flore bactérienne dans ce milieu. Des modèles de régression log binomial ont révélé que les facteurs suivants diminuaient la prévalence de contamination microbiologique préoccupante : une concentration de chlore libre = 2 mg/l ou de brome total = 3 mg/l (p<0,01), un potentiel d'oxydo-réduction > 650 mV (p<0,01), une vidange du spa et un nettoyage de ses parois au moins mensuels (p=0,02) et une turbidité = 1 UTN (p=0,01).

Conclusion :
Cette étude met en évidence certaines mesures d'entretien qui sont déterminantes pour limiter la contamination microbiologique des spas publics. Les règlementations traitant des eaux récréatives devraient être adaptées aux spas et des activités de formation sont nécessaires afin d'assurer la sécurité de ces bassins.