Retombées des projets de lutte aux îlots de chaleur urbains

Mélanie Beaudoin
Pierre Gosselin

Contexte et objectifs

Le Plan d’action sur les changements climatiques 2006-2012 a permis la réalisation d’une quarantaine de projets de démonstration de lutte aux îlots de chaleur urbains (ICU). Ces initiatives visaient une meilleure capacité d’adaptation de la population aux nouvelles réalités climatiques, notamment l’accentuation du phénomène d’ICU, qui peut créer une différence de température pouvant atteindre 10°C en milieu urbain et entraîner des problèmes de santé publique majeurs. Ces projets devaient se réaliser en milieu défavorisé.

Description et population visée

Parmi les projets réalisés, celui du Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM), appelé « La Ville en vert », visait à améliorer le milieu de vie d’une vingtaine d’habitations à loyer modique (HLM) sur l’île de Montréal, avec la participation des résidents. À travers des processus participatifs, les interventions visaient à transformer l’espace extérieur des HLM, souvent entourés de terrains asphaltés et d’édifices en béton. Ces habitations logent des populations vulnérables (jeunes enfants et aînés) susceptibles d’être affectées par les épisodes de chaleur accablante.

Méthode

La pérennité des initiatives est assurée par la présence de résidants motivés et impliqués dans la recherche de solutions pour améliorer leur milieu de vie. Pour chaque projet, l’équipe de La Ville en vert était constituée d’une agente de liaison de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), d’un animateur communautaire et d’un architecte paysagiste du CEUM et des organismes du milieu. Pour chaque cas, la méthodologie suivante a été appliquée :

  • une appropriation de la démarche par tous les intervenants;
  • l’élaboration d’outils participatifs;
  • l’identification des besoins;
  • la transmission de connaissances afin de faciliter la conservation des aménagements.

Résultats et outils développés

Les résultats de ce projet sont les suivants,

  • 15 634 pi2 d’asphalte et 4 stationnements enlevés;
  • 69 719 pi2 d’espaces aménagés;
  • 810 pi2 de toits verts et de stationnements perméables installés;
  • 2 588 végétaux plantés;
  • 181 bacs d’agriculture urbaine installés, pour une plus grande sécurité alimentaire;
  • les résidents de 1 587 logements sensibilisés.

Le CEUM a réalisé un guide concernant l’utilisation des plantes grimpantes pour végétaliser les bâtiments. Accompagné de formations, il facilite le choix des plantes grimpantes pour façades et offre des conseils pratiques. L’INSPQ a réalisé une capsule vidéo sur ce projet. Enfin, un guide destiné aux Offices municipaux d’habitation a été rédigé, décrivant l’expérience du projet et offrant une marche à suivre pour réaliser des projets similaires.

Conclusion et recommandations

À part la réduction des ICU, les multiples bienfaits de la démarche participative ont été mis en lumière par le projet et son évaluation externe. Les résidents sont fiers des aménagements, ils les utilisent et le sentiment de sécurité s’est amélioré. La collaboration avec un organisme communautaire a permis beaucoup flexibilité et la mobilisation du milieu. Ces projets ont aussi contribué à l’autonomisation (empowerment) des citoyens et à recréer un tissu social au sein de certaines communautés. Une démarche à succès!