Une analyse exploratoire sur les maladies à déclaration obligatoire (MADO) à répétition chez un même sujet dans la région de Montréal

Melissa Caron
Lucie Bédard, Jérôme Latreille, David Buckeridge

 

Contexte :
Les Directions de santé publique (DSP) reçoivent des déclarations de 58 maladies infectieuses à déclaration obligatoire (MADO). Généralement, les analyses épidémiologiques ainsi que les suivis épidémiologiques sont réalisés en tenant compte que d’une MADO à la fois. Ils ne permettent pas de détecter des excès potentiels ou de décrire le profil chez des personnes faisant des MADO à répétition empêchant possiblement d’adapter des interventions de santé publique. Notre but est d’analyser les données MADO en tenant compte de la situation épidémiologique chez les personnes faisant des MADO à répétition. Ceci pourrait influencer les protocoles d’enquête.

Méthode :
Notre but était de déterminer la fréquence de MADO à répétition et les séquences d’épisodes de MADO les plus fréquentes dans la région de Montréal. De futures analyses viseront à identifier les facteurs de risques propices à l’acquisition de certaines MADO ou de certaines séquences de MADO. Ceci permettrait d’apporter des changements pertinents aux protocoles d’enquête et de cibler certaines personnes pour une intervention plus adaptée afin de réduire la propagation de maladies parmi les résidents de Montréal.

Résultats :
Nous avons analysé tous les cas probables et confirmés de MADO ayant eu lieu entre janvier 1990 et décembre 2012 parmi les résidents de Montréal. Nous avons procédé à une analyse exploratoire descriptive qui a permis de caractériser la distribution d’âge et de sexe des personnes ayant eu au moins une MADO, le nombre de personnes ayant fait plusieurs épisodes de MADO, le délai moyen entre deux MADO consécutives, et les MADO et les séquences de MADO les plus fréquentes.

Conclusion :
Entre 1990 et 2012, 173 918 cas de MADO vécus par 152 984 personnes ont été déclarés à la DSP de Montréal. L’âge médian était de 27 ans. Notre base de données comptait 15 026 personnes (9.8 %) avec plus d’un épisode et leurs épisodes combinés représentaient 20.7 % de toutes les MADO déclarées. Davantage d’hommes que de femmes ont eu plus de trois MADO. Le plus grand nombre d’épisodes vécu était de 10 chez les femmes et de 19, chez les hommes. Le délai médian entre deux MADO consécutives était de 427 jours. Les MADO de type entérique et les infections transmissibles sexuellement (ITSS) représentaient respectivement 19.3 % et 72.2 % des MADO. Lorsque la première MADO était une ITSS, 91.5 % des deuxièmes MADO étaient aussi des ITSS et seulement 5.6 %, des maladies entériques. Lorsque la première MADO était une maladie entérique, 63.5 % des deuxièmes MADO étaient aussi des maladies entériques, tandis que 30.9 % des deuxièmes MADO étaient des ITSS.