Recommandations pour l’usage optimal de l’autosurveillance glycémique chez les adultes atteints de diabète de type 2 non traités par l’insuline

Christine Lobè
Alain Prémont, Hélène Guay, Éric Tremblay, Sylvie Bouchard, Linda Pinsonneault

 

Contexte :
L’autosurveillance glycémique (ASG) est une approche par laquelle une personne atteinte de diabète mesure sa glycémie capillaire à l’aide de bandelettes et d’un glucomètre afin d’ajuster la médication et ses habitudes de vie ou de vérifier leur impact sur le contrôle du diabète, dans un contexte d’autogestion de sa maladie. Largement recommandée pour les personnes atteintes de diabète traitées par l’insuline, l’utilisation sur une base régulière de l’ASG est controversée pour celles atteintes de diabète de type 2 non traitées par l’insuline. L’objectif général du projet entrepris par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a été d’élaborer un guide d’usage optimal de l’ASG.

Méthode :
Le projet avait pour but de produire un guide d’usage optimal pour l’ASG par les adultes atteints de diabète de type 2 non traités par l’insuline, qui constitue la population visée. Les objectifs du guide étaient de circonscrire la place de l’ASG dans l’autogestion du diabète; d’établir des recommandations quant à l’usage optimal de l’ASG en précisant les circonstances dans lesquelles le recours à ce mode d’intervention serait le plus approprié; et de proposer un outil pratique aux professionnels de la santé et aux intervenants concernés.

Résultats :
Quatre types de données ont conduit à l’élaboration du guide d’usage optimal : les données quantitatives présentées sous la forme d’une revue systématique de la littérature quant à l’efficacité, l’innocuité et l’efficience de l’ASG ; les données qualitatives d’une revue narrative des considérations sociales relatives à l’utilisation de l’ASG ; les données pharmacoépidémiologiques ayant servi à dresser un portrait de l’usage des bandelettes d’ASG par les personnes assurées par le régime public; et les données contextuelles et expérientielles issues de la consultation des professionnels de la santé et des patients pour tenir compte des particularités du contexte québécois ainsi que des valeurs et des préférences des acteurs. L’analyse a été effectuée sous la forme d’une critique descriptive intégrant tous ces types de données. Une adaptation de l’approche reconnue GRADE a servi à l’élaboration des recommandations finales du guide d’usage optimal.

Conclusion :
Malgré l’inconsistance de la preuve scientifique au regard des risques et bénéfices de l’ASG pour la population cible, l’analyse du contexte a permis d’établir un équilibre entre les bénéfices et les risques de l’ASG. Ainsi, il a été établi que certains sous-groupes des personnes atteintes de diabète de type 2 non traitées par l’insuline bénéficieraient davantage de l’apport de l’ASG. Ce sont notamment les adultes ayant un mauvais contrôle de leur glycémie, ceux dont le diagnostic est récent et ceux traités avec des antidiabétiques pouvant provoquer de l'hypoglycémie. Par conséquent, une utilisation plus fréquente, au moins un test par jour, est recommandée pour ces sous-groupes.