Catherine Pelletier
Contexte :
Les jeunes et les femmes, et donc les adolescentes à l'intersection de ces deux groupes, sont particulièrement vulnérables face au VIH/SIDA en raison de facteurs biologiques, sociaux, économiques et culturels. Afin de renverser le cours de l'épidémie, des efforts de prévention supplémentaires doivent être déployés auprès de ces populations. La situation ne diffère pas au Guatemala. Cette étude vise à comparer les perceptions d'adolescentes guatémaltèques par rapport à leurs facteurs de risque et de vulnérabilité, ainsi que de leurs besoins, dans le but de guider l'élaboration de stratégies de prévention plus adaptées, plus efficaces et plus équitables.
Méthode :
Étant donné le caractère très centralisé des services de santé guatémaltèques, cette étude qualitative a été menée dans la capitale et dans le département de Quetzaltenango. Des entretiens de groupes suivis d'entretiens individuels ont été conduits avec 20 adolescentes provenant de milieux urbains et ruraux et d'origine ladina et autochtone. Dix entretiens auprès d'acteurs clefs (agences de développement international, ministère de la Santé, hôpitaux et centres de santé communautaires, organisations non gouvernementales) complètent le corpus de données.
Résultats :
Les résultats préliminaires indiquent que la problématique est perçue hautement prioritaire dans le pays, mais les services et les efforts déployés ne reflètent pas l'importance accordée à cet enjeu de santé publique. Les adolescentes participantes déplorent le manque flagrant d'éducation et d'information sur le sujet et souhaitent une meilleure communication avec leurs parents, rendue souvent impossible dû au tabou social entourant la sexualité. Le machisme fait toujours partie de la réalité au Guatemala. La religion aurait pour sa part une influence partagée sur les comportements préventifs des adolescentes.
Conclusion :
Différentes initiatives de coordination des efforts de prévention entre les agences internationales et gouvernementales sont en cours. Le moment semble donc propice pour concrétiser la priorité accordée à cette problématique par les différents acteurs dans de nouvelles politiques et programmes de prévention du VIH/SIDA visant les adolescentes. Améliorer les stratégies de prévention implique de s'attaquer aux causes sous-jacentes de la vulnérabilité des adolescentes au Guatemala. Une analyse approfondie des iniquités sociales et de genre, qui sont au coeur de la problématique, semble également au coeur de la solution.