Les conséquences du stress prénatal sur les enfants

Anne-Marie Turcotte-Tremblay
David P. Laplante, Alain Brunet, Peter L. Hurd, Norbert Schmitz, 
Brendan D. Kelly, Adham Mancini-Marïe, Arnaud Charil, 
Suzanne King

Contexte :
Des études expérimentales sur les animaux et les humains suggèrent que le stress maternel prénatal (SMP) peut nuire aux fétus. L'augmentation du niveau de cortisol sécrété par les femmes enceintes suite à un événement de stress pourrait entrainer des changements permanents dans le cerveau des enfants. Cependant, les études sur les humains sont limitées car il est impossible de randomiser l'exposition à un événement stressant. Les désastres naturels permettent de contourner ce problème en affectant aléatoirement la population à différents degrés. Dans ce contexte, le Projet Verglas vise à comprendre les effets du SMP, dûs à la crise du verglas en janvier 1998, sur le développement cognitif, comportemental et physique des enfants exposés.

Méthode :
Cette étude longitudinale et prospective suit 120 enfants de la Montérégie dont les mères étaient enceintes durant la crise du verglas. Les mères ont complété un questionnaire postal, en juin 1998, mesurant leur niveau de stress objectif (ex. jours sans électricité, perte financière) et subjectif (symptômes de stress post-traumatique). Des données ont également été collectées sur les complications obstétricales, l'exposition à d'autres événements de stress et le statut-socioéconomique. Le fonctionnement cognitif, les problèmes comportementaux et le développement physique des enfants ont été évalués à plusieurs reprises entre 2 et 11½ ans.

Résultats :
Les résultats suggèrent qu'un plus haut niveau de stress objectif est associé à un fonctionnement cognitif plus bas à tous les âges évalués. De plus, des niveaux de stress objectif et subjectif prédisent la présence de problèmes d'internalisation et d'externalisation plus sévères, en plus de traits associés à l'autisme. Le SMP semble aussi influencer des marqueurs physiques tels que ratio de la longueur des doigts, l'asymétrie des empruntes digitales et l'indice de masse corporelle.

Conclusion :
Les résultats du Projet Verglas suggèrent que le SMP dû à la crise du verglas a été suffisant pour influencer le développement de fétus jusque dans l'enfance. Des données probantes doivent être produites sur les interventions efficaces pouvant être promues lors de désastres naturels pour minimiser l'effet du SMP sur les fétus.