Comment les adultes québécois et les diététistes perçoivent-ils les aliments?

Kathleen Cloutier, Lyne Mongeau, Martine Pageau, Véronique Provencher
 

Contexte :
Déterminer comment les Québécois et les diététistes perçoivent spontanément les aliments selon un continuum de fréquence de consommation, puis évaluer les différences entre les résultats de ces deux groupes.

Méthode :
Un sondage téléphonique a été réalisé par la firme SOM auprès de 1002 adultes québécois, puis adapté en format web et complété par 566 diététistes. Chaque répondant devait indiquer pour 53 aliments s’il s’agissait d’un aliment « quotidien » (1), d’« occasion » (2) ou d’« exception » (3), sans avoir accès à leurs valeurs nutritives réelles. Pour les analyses, 30 aliments ont été regroupés ensemble, soit 15 aliments illustrés sur le Guide alimentaire canadien (GAC) (p.ex. tomate, pain blé entier, etc.) et 15 aliments « autres » (p.ex. barre de chocolat, croustilles, etc.).

Résultats :
76,1% des participants identifient les aliments du GAC comme étant des aliments « quotidiens » tandis que 43,4% des répondants identifient les aliments « autres » comme étant des aliments d’« exception ». Une différence significative entre la perception des Québécois et des diététistes a été observée pour les aliments du GAC (1,48±0,01 vs 1,22±0,02; p<0,0001). Toutefois, les aliments « autres » sont classés de façon semblable par les Québécois (2,38±0,02) et les diététistes (2,33±0,04). Dans les deux groupes, plus l’âge augmente, plus ils tendent à percevoir les aliments du GAC comme étant des aliments d’« occasion » plutôt que « quotidiens » (p.ex. : 18-24 ans = 1,30±0,02 vs 65 ans et plus = 1,48±0,04; p=0,004). Les femmes québécoises sont plus sévères dans leur classification des aliments « autres » que les hommes (2,41±0,02 vs 2,34±0,02; p=0,005), et plus sévères que les femmes diététistes (2,41±0,02 vs 2,28±0,02; p<0,0001).

Conclusion :
La perception qu’ont les adultes québécois et les diététistes de divers aliments relativement à un continuum de fréquence de consommation suit les recommandations du GAC. Les résultats suggèrent donc qu’il existe un savoir populaire quant à la valeur des aliments qui est en accord avec les principes de saine alimentation. La perception des Québécois tend cependant à être plus sévère pour la majorité des aliments que celle des diététistes.