Maladies chroniques et inscription auprès des médecins

Odette Lemoine
Pierre Tousignant
Yves Roy
Sylvie Provost

Contexte :
Au Québec, deux mesures impliquant des incitatifs financiers ont été instaurées en 2003 pour favoriser le suivi des patients : l'inscription de patients vulnérables auprès de médecin traitant et l'inscription de patients (vulnérables ou non) auprès des groupes de médecine familiale (GMF). Objectif : Évaluer l'impact de ces mesures sur le suivi des Montréalais atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) ou d'insuffisance cardiaque (IC).

Méthode :
À partir des données médicoadministratives, analyse des consultations auprès d'omnipraticiens et de spécialistes, des visites à l'urgence et des hospitalisations de 2000 à 2006. Au moyen d'analyses multivariées contrôlant pour l'âge, la morbidité et le niveau socio-économique, comparaison entre les groupes : non-inscrits (mais éligibles à l'inscription comme patient vulnérable), inscrits vulnérables et inscrits en GMF.

Résultats :
De 2000 à 2006, le nombre de patients atteints de MPOC diminue de 26883 à 21305 et celui de IC de 17724 à 16612. En 2006, 53 % de ces personnes sont inscrites vulnérables alors que moins de 5 % le sont en GMF. La probabilité de ne pas consulter un omnipraticien augmente de 7 % au cours de la période pour les non-inscrits alors qu'elle diminue légèrement chez les inscrits (moins de 4 %). Il n'y a pas de variation entre les groupes quant aux consultations auprès des spécialistes. La probabilité de visite à l'urgence et d'hospitalisation augmente pour les IC inscrits (vulnérables ou GMF) alors que c'est le cas seulement des personnes avec MPOC inscrites comme vulnérables.

Conclusion :
L'accessibilité aux soins primaires pour les personnes inscrites semblent légèrement améliorée par la mise en place de ces mesures. Toutefois, l'effet inverse est notée chez les personnes non-inscrites au cours de la période étudiée. Ces résultats sont préoccupants et nécessitent d'autres investigations.