La bonne santé mentale : savoirs populaires et savoirs pratiques

Lucie Gélineau, Monique Boniewski, Valérie Desgroseilliers, Émilie Dionne, Steeve Paquet, Marie-Élaine Boivin,Véronique Paradis et Roxanne Hottote
 

Contexte :
Le but de cette recherche est de mieux comprendre les savoirs pratiques et populaires concernant la notion de bonne santé mentale afin améliorer l’intervention en promotion de la santé mentale. Il est divisé en trois phases: 1) Décrire les savoirs sur la bonne santé mentale d’intervenantEs; 2) Explorer les représentations populaires de la bonne santé mentale; 3) Identifier les points de jonction et de rupture entre ces deux savoirs.

Méthode :
Le modèle théorique est inspiré des travaux de Kleinman sur l’expérience de la maladie. Plusieurs recherches démontrent que les conceptions populaires de la santé, ancrées dans la culture, influencent cette dernière et les comportements liés au mieux-être (Corin, Bibeau, Martin & Laplante, 1990; Hughner Shaw & Schultz Kleine, 2004; Massé, 1995), d'où l’importance de connaître ces conceptions pour développer des programmes de promotion efficaces. Pour les savoirs pratiques (phase 1), cinq ateliers auprès de 32 intervenantEs ont été réalisées. Les savoirs ont été recueillis à l’aide d’une grille d’entretien semi-dirigé inspirée de Kleinman et Massé (1995). Pour les savoirs populaires (phase 2), des kiosques d’entrevues qualitatives ont été tenus (Trocmé-Fabre, 2004-2005). Des 1430 questionnaires complétés, 1020 l’ont été par des personnes moins familières avec la santé mentale.

Résultats :
Pour les savoirs pratiques, la bonne santé mentale est une responsabilité individuelle et ne constitue pas le pôle opposé à la maladie mentale; elle est la recherche d’un équilibre. Il est possible d’être atteint d’un trouble grave et d’être en bonne santé mentale. Pour les savoirs populaires, la bonne santé mentale réfère au fonctionnement social et physique; elle est un équilibre statique et renvoie à une vision dichotomique : on est en bonne santé mentale ou malade.

Conclusion :
Il existe deux conceptions de la Bonne santé mentale que nous pouvons illustrer avec la fable de Lafontaine, Le chêne et le roseau. Alors que les savoirs pratiques la conçoivent comme un roseau, les savoirs populaires la voient comme un chêne qui peut casser sous la tempête. Les résultats peuvent aider les organismes à baliser leur champ d’action, à formuler des stratégies de promotion et des actions concertées avec des partenaires œuvrant dans le domaine.