Disparités régionales dans l’usage de substances psychoactives chez les élèves québécois : données de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017

La consommation de substances psychoactives (SPA) chez les jeunes est une préoccupation de santé publique. L’initiation à l’usage de ces substances se produit le plus souvent au cours de l’adolescence, et on constate l’existence de disparités statistiquement significatives entre les régions sociosanitaires par rapport à la prévalence d’usage de la cigarette électronique (de 5 % à 23 %) ou des produits du tabac (de 8 % à 15 %) au cours des 30 jours précédents, ainsi que de la prévalence d’usage du cannabis au cours des 12 mois précédents (de 14 % à 25 %). En ce qui a trait à la prévalence de la consommation d’alcool, les comparaisons interrégionales ne peuvent pas être effectuées pour des raisons d’ordre méthodologique.

Cette étude vise à identifier des facteurs sociodémographiques, individuels, environnementaux et géographiques susceptibles d’expliquer les écarts observés entre les régions en ce qui concerne l’usage de la cigarette électronique, des produits du tabac ou du cannabis, à partir des données de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) 2016-2017.

Les résultats d’analyse révèlent que le risque de décrochage scolaire élevé ou le diagnostic médical d’anxiété, de dépression ou de trouble alimentaire chez les élèves contribuent en partie à expliquer les écarts entre les régions dans l’usage de la cigarette électronique, des produits du tabac ou du cannabis. La situation familiale (reconstituée, monoparentale, garde partagée, autres), le statut d’emploi rémunéré pendant l’année scolaire, et un faible niveau de scolarité des parents ou d’engagement scolaire sont aussi des facteurs associés à certains des écarts observés entre les régions. La variable contribuant le plus à expliquer les disparités interrégionales dans l’usage d’une SPA donnée est l’usage d’une autre SPA.

Bien que la présente étude ne permette pas d’identifier de relations causales entre ces facteurs et l’usage de SPA, elle suggère différentes pistes d’intervention afin de réduire les disparités régionales observées chez les jeunes en matière d’usage de SPA. À ce sujet, il pourrait être intéressant de se questionner sur la manière dont sont déployées les diverses stratégies concernant l’usage de SPA au secondaire (politiques publiques favorables à la santé, environnements soutenant le changement, action communautaire, compétences personnelles, et services préventifs), celles-ci pouvant être utilisées pour agir sur la polyconsommation de SPA chez les jeunes plutôt que de cibler une substance en particulier.

Certaines caractéristiques liées à la composition de la population (situation familiale, occupation d’un emploi durant l’année scolaire, scolarité des parents) apparaissent associées à une plus forte probabilité d’usage de la cigarette électronique ou du cannabis. Comme ces facteurs ne sont pas directement modifiables par l’entremise d’interventions liées aux SPA, les régions présentant de fortes prévalences d’usage parmi les élèves du secondaire pourraient considérer l’ajustement de l’intensité des interventions de prévention plutôt que la modification de leurs composantes.

Auteur(-trice)s
Annie Montreuil
Ph. D., chercheuse établissement, Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-95580-1
Notice Santécom
Date de publication